argile01Qui aurait pu penser que mon premier article de blog sur mon site web professionnel en cours de construction, soit fait en assignation à résidence, ou plutôt en confinement pour être politiquement correct ? Pour sûr, pas moi, ni vous.

Je me trouvais, ce mois de mars et depuis février, en démarrage d’activité (praticienne d’ateliers d’expression créatrice centrés sur le soin à la personne), faire mon site web, prendre des contacts professionnels, présenter mes services à des institutions, des entreprises, finaliser des flyers, rechercher activement un local, etc …

Je m’apprêtais aussi à animer mes premiers ateliers argile en Dordogne au mois d’avril, chez une amie de la formation Art Cru, qui avait loué un chapiteau pour tout le mois d’avril avec de multiples animations et concerts.

En janvier je me préparais aussi pour un voyage au Myanmar et en Thaïlande pour février, pour animer des ateliers avec des enfants, des jeunes, et autres adultes en difficulté.

Assignation à résidence,Et bien, un microbe, aura mis un arrêt brutal à toute cette effervescence. Je ne me plains pas, je suis à la campagne, chez des amis, j’ai de l’espace et des conversations amicales. Je pense aux personnes qui sont dans des situations difficiles dans des petits appartements, sans soleil, seules, avec des temps de sorties restreints et des contrôles de leurs mouvements. Nous vivons vraiment des temps difficiles et du courage, nous en avons besoin. Je pense aussi à toutes les situations économiques qui empirent et qui ne vont faire qu’empirer, je pense aux entreprises, aux indépendants, aux travailleurs pauvres, aux SDF. Encore du courage, nous en avons besoin.

Je pense également aux personnes âgées dans les EHPAD (où j’ai exercé l’art thérapie l’année dernière pendant ma formation), épouvantable drame qui se joue à l’heure actuelle. Je pense aux malades atteints du Covid-19 et laissés presque à l’abandon, sans leur famille, et aux malades avec d’autres maladies, difficilement soignables aujourd’hui. Je pense aux soignants qui exercent dans des conditions plus que périlleuses. Du courage, du courage, nous en avons tellement besoin. Je pense à pleins d’autres situations, tellement difficiles.

Je suis traversée par de multiples émotions et je me retrouve donc avec du temps long pour créer, argile, dessin spontané, land art … mais aussi du temps long, pour peaufiner le site web, les textes, les images.

Une amie Art Thérapeute, vient de démarrer des sessions à distance, c’est une très bonne idée, même si la présence corporelle est des plus indispensable dans ce domaine d’activité, mais bon, à la guerre comme à la guerre, puisqu’il paraît qu’on est en guerre … Non, je ne vais pas m’aventurer ici sur la pente glissante de la désastreuse gestion de cette crise sanitaire.

J’ai été formée à l’écoute non directive, à l’attitude thérapeutique préconisée par Carl Rogers, l’approche centrée sur la personne et à l’animation d’ateliers d’expression créatrice centrés sur le soin à la personne, je pourrai mettre ces compétences à profit pour aider des personnes en difficultés psychologiques en ces temps de confinement. J’y réfléchis. A ce jour (26 mars 2020), il me faut moi aussi, m’adapter, prendre mes marques, je suis chez des amis, avec quelques une de mes affaires, j’ai des repères à mettre en place, j’ai besoin encore de temps.

Et pour finir, je voudrais dire, que je vois, ici ou là, fleurir de belles initiatives pour aider les gens à distance, préconisant des temps de retour sur soi, d’activités positives à mettre en place, du ressourcement, de la joie à partager. Je m’en réjouis, mais ce n’est pas de l’ordre de ce que je souhaite proposer. Un atelier d’expression créatrice et une écoute non directive, c’est laisser la personne exprimer ses émotions, ses ressentis, sans jugement, sans interprétation, sans directive. C’est soutenir ce qui se dit, ce qui s’exprime, avec empathie, en ayant confiance aux sources vives de chaque personne dans son unicité, aux besoins impérieux de dénouements des blocages pour laisser jaillir la vie. C’est donc pouvoir accueillir la rage, la colère, les pleurs, aussi bien que les rires et les joies. Un texte est en cours d’écriture pour expliquer ce travail sur le site web. Si j’appuie sur cela ici, c’est qu’il me semble que ces temps de confinements peuvent donner cours à des rages et des colères, et qu’il est indispensable de pouvoir les accueillir dans toute leur expression, en acte créatif ou en parole.

Courage !

Carole Fabre